Ressources numériques en sciences humaines et sociales OpenEdition Nos plateformes OpenEdition Books OpenEdition Journals Hypothèses Calenda Bibliothèques OpenEdition Freemium Suivez-nous

Journée d’études : Les contextes numériques hybrides de travail : l’exemple d’un colloque scientifique.

Les contextes numériques hybrides de travail : l’exemple d’un colloque scientifique.

Vendredi 13 octobre 2023

9h30 à 18h ENS de Lyon

Cette journée d’études se tient dans le cadre du projet COLHYBRI (Colloque HYBRIde)[1] qui s’est fixé pour objectif d’étudier les phénomènes d’hybridation de la communication dans un colloque scientifique par le biais de l’expérience des participants.

La journée d’études aura lieu :

Lors du colloque IMPEC 2022 qui s’est tenu à Lyon en présentiel et en distanciel, des données ont été recueillies représentant l’expérience du colloque en mode hybride par les participant·e·s.

A la suite de Présences Numériques[2], COLHYBRI s’intéresse à la manière dont la participation est vécue comme possible et/ou contrainte dans des environnements de travail impliquant des dispositifs artefactés. L’objectif du projet est ainsi d’étudier la manière dont l’expérience de la participation à un colloque hybride est vécue à travers les interactions multimodales qui se sont déroulées entre les différents participant·e·s.

Un protocole de collecte très ouvert a été mis en place, les participant·e·s ayant eu une totale liberté quant aux données à recueillir pour rendre compte de leur expérience sensible du colloque. Les participant·e·s ont choisi ainsi la nature et les formats de données à partager avec le groupe du projet. Les discours sous forme de comptes-rendus d’expérience (photos, textes, vidéos) recueillis permettent des analyses propres à préciser les conditions de la communication scientifique en contexte hybride.

La journée d’études a pour but de rendre compte des analyses du projet et de faire dialoguer notre recherche avec des chercheur·e·s impliqué·e·s dans les axes thématiques retenus.

Le premier axe est l’étude de la manière dont l’hybridité est perçue, conçue et vécue par les participants.

On s’attardera d’abord sur la manière dont est conçu l’événement « colloque hybride ». On reviendra ainsi sur la manière dont est conçu et représenté l’hybridité. Elle implique des normes d’interaction et des régimes d’engagement parfois problématiques. L’expérience est restituée le plus souvent au travers d’une binarité présence/distance, pourtant les récits de certains épisodes vécus illustrent des formes de présence à l’autre plus hybridée. L’efficacité de la communication à distance permettant l’avènement de la communication hybride est elle-même vécue comme problématique. Elle relève d’une mise en scène impliquant un caractère frontal et des « modes of viewing » (Verhoeff, 2012) reposant essentiellement sur une absence de réciprocité qui peuvent agir comme des empêchements à la communication. Ainsi, cette problématique de l’hybridité se croise avec la notion de participation, vécue et exprimée en termes de proximité à la fois topographique et relationnelle. L’hybridité comme caractéristique de la relation relève de ce que Rancière désigne par « distribution polémique des manières d’être et des « occupations » dans un espace des possibles ». (Rancière, 2000 p.66-67). Elle implique, comme le soulignent Peraya et Paquelin (2023) « une pragmatique de la présence qui reste encore à développer ».

Nous invitons Daniel Peraya à discuter nos propositions.

Daniel Peraya est professeur honoraire à l’Université de Genève. Ses recherches et ses enseignements portent sur la communication éducative médiatisée, plus particulièrement dans le cadre des systèmes de formation entièrement ou partiellement à distance aux niveaux supérieur et universitaire. Il est chercheur associé au Centre interuniversitaire sur la profession enseignante (CRIFPE, Québec) en tant que chercheur international et membre du Groupe d’études sur la Médiation du savoir (GReMS, Université catholique de Louvain). Il est co-rédacteur en chef de la revue Distances et médiations des savoirs.

Le second axe permet de questionner le motif du care technique à l’aulne de cette hybridité.

Nous analysons la situation « live » du colloque hybride « as a dialectical play off between the mood of live events, the management of care structures that support this, and our individual and collective-social experiences » (Hill et al., 2019). Notre question de départ est comment intervient le soin (« technique » mais est-il seulement technique) dans un colloque hybride ? Quelles sont les structures du care de l’hybridité ? Pour Maria Puig de la Bellacasa (2017), le care est un travail concret d’entretien (maintenance) qui comprend des tâches matérielles et affectives liées à la communication, à la sociabilité et à une capacité d’être affecté sans lesquelles nos vies ne fonctionnent pas (p.54). Or, Puig de la Bellacasa explique, en reprenant Suchman (2007) comment la recherche d’une agence autonome de la machine contribue à l’effacement de l’ artefactualité et ainsi, à la conscience du travail humain et à la maintenance technologique. Nous verrons dans le corpus comment ces structures du care apparaissent ou sont invisibilisées dans l’expérience vécue des participants. Transformer un assemblage sociotechnique en une question de soins, comme le propose certaines analyses féministes, revient à se poser la question de la manière dont un agencement sociotechnique peut renforcer des relations asymétriques et favoriser des formes de négligence. La perspective du care est bien un « espace attracteur » à partir duquel envisager les situations de travail différemment (Molinier, 2013 : 10).

Nous invitons Pascale Molinier à répondre à nos propositions (sous réserves).

Pascale Molinier est psychologue spécialiste de la psychodynamique du travail. Après avoir travaillé au CNAM avec Christophe Dejours et dirigé la revue Travailler, elle enseigne actuellement à l’université Paris-XIII. Elle est l’auteure de nombreux ouvrages, notamment avec Sandra Laugier et Patricia Paperman, Qu’est-ce que le care ? Souci des autres, sensibilité, responsabilité (Payot, 2009), Le travail du care (La Dispute, 2013), Le Care Monde, (ENS Editions, 2018).

Enfin, le troisième et dernier axe est consacré à la méthodologie déployée et à la manière dont le design des méthodes d’enquête peut être affiné.

L’objectif est d’étudier le design de recherche qui sous-tend ce projet. Nous pensons qu’il existe un fort besoin de discussion méthodologique concernant les stratégies pour étudier ces nouvelles pratiques. Face à l’évolution des situations empiriques, la recherche a besoin d’adapter ses méthodes en intensifiant un travail interdisciplinaire, pour être capable de fournir de nouvelles approches pour l’étude du monde contemporain (Lury & Wakeford, 2012). Ce constat nous a amené, dans notre groupe de recherche, à adopter une ouverture épistémologique et méthodologique, considérant que face aux changements importants du monde social, la recherche doit être située et engagée. Notre recherche de design créatif souhaite engager une réflexion sur un problème émergent en cherchant une méthodologie adaptée à une situation pour laquelle nous faisons l’hypothèse que les outils méthodologiques classiques ne suffisent plus. Nous voudrions ainsi examiner comment des « méthodes de design » inventives peuvent inspirer nos propres pratiques de design de recherche. Cette réflexion doit servir une deuxième itération de la recherche prévue lors du colloque IMPEC qui aura lieu à Aix-en-Provence en juillet 2024. Nous pensons que les technologies discursives dans leurs aspects ubiquitaires rendent possibles des modes de participation et de présence, dans ce genre d’événements comme dans d’autres, très variés, allant de postures très consuméristes où la personne vient chercher ce qui l’intéresse de manière furtive, à des postures très attentives, notamment face aux difficultés de la communication en ligne et aux besoins de réparation. Notre positionnement critique cherche des moyens de décaler les regards sur l’expérience pour que nous ne soyons pas de simples consommateurs de ces technologies. Les méthodes du design-enquête (Nova 2021) et de recherche-création (Paquin et Noury, 2018) sont deux des pistes que nous voulons suivre.

Nous invitons Sébastien Augier à répondre à nos propositions.

Sébastien Augier est diplômé en Arts Appliqués, titulaire depuis 2004 au département des Métiers du Multimédia et de l’Internet (UFC / IUTBM). Associant son activité artistique depuis le milieu des années 90 – arts vivants, plastiques et numériques – et sa maîtrise des outils de création numérique, Il enseigne principalement la narration et l’écriture multi / transmédia, de la méthodologie créative à la production. Il prépare une thèse en sciences de l’information et de la communication intitulée “ Poïétique et médiation de la création transmédiatique : une approche diégétique des dispositifs de création, de prélèvement et de médiation » au laboratoire ELLIADD. Il participe également au IRRIGATE – Réalité virtuelle pour l’éducation, la formation, le logement, la santé, l’e-commerce… Le projet IRRIGATE (vIRtual Reality for dIGital humAniTiEs), financé par la région Franche-Comté, a pour objectif de développer la formation et le partage d’expériences immersives sur le territoire de Franche-Comté.

Programme

9h30 : Accueil café

10h00-10h15 : Ouverture : Christine Develotte et Jean-François Grassin, ICAR

10h15-10h30 : Présentation du corpus Marco Cappellini et Christelle Combe, LPL

10h30-10h45 : Hybridité Jean-François Grassin, ICAR

10h45-11h15 : Réponse de Daniel Peraya, TECFA, Université de Genève

11h15-12h : Discussion

Repas libre

14h-14h20 : Care technique, Joséphine Rémon, ICAR

14h20-14h50 : Réponse de Pascale Molinier, UTRPP, Université Sorbonne Paris Nord (sous réserves)

14h50-15h30 : Discussion

15h30-16h : Pause

16h-16h20 : Design de la recherche, Christine Develotte et Jean-François Grassin, ICAR

16h20-16h50 : Réponse de Sébastien Augier, ELLIADD, Université de Franche-Comté

16h50-17h30 : Discussion

17h30-18h : Synthèse : Christine Develotte, ICAR et Mabrouka El Hachani, Elico

Plan accessible sur cette page (scannez le QR code) 


[1]  Fabrication des interactions dans un séminaire polyartefacté ; https://ateliers.sens-public.org/fabrique-de-l-interaction-parmi-les-ecrans/index.html

[2] Financé par le Labex ASLAN (Etudes Avancées sur la complexité du langage) pour l’année 2023.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Jean-François Grassin (23 septembre 2023). Journée d’études : Les contextes numériques hybrides de travail : l’exemple d’un colloque scientifique. Séminaire IMPEC . Consulté le 9 novembre 2025 à l’adresse https://impecseminar.hypotheses.org/1731


Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.